Retour à la Galerie

Un Animal lointain, le tatou

Le tatou dans un emblème du Père Chesneau
Emblemes sacrez sur ... Afficher la suite de la légende

Le tatou dans un emblème du Père Chesneau
Emblemes sacrez sur le tres-saint et très-adorable sacrement de l’Eucharistie / Augustin Chesneau. - Paris : Florentin Lambert, 1667 (Collection particulière)


L’encoubert
Histoire naturelle… Supplément / Georges-Louis Leclerc de Buffon. – Paris : Imprimerie Royale, 1777 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, FAP 4434-06)


Le tatou à longue queue
Histoire naturelle… Supplément / Georges-Louis Leclerc de Buffon. – Paris : Imprimerie Royale, 1777 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, FAP 4434-06)


Le tatou décrit par Jean-Baptiste du Tertre
Histoire generale des Antilles habitées par les François… Tome II… / Jean-Baptiste du Tertre. - Paris : Thomas Jolly , 1667 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, M 37515-2)


Un cachicame et un kabassou
Histoire naturelle… / Georges-Louis Leclerc de Buffon. – Paris : Imprimerie Royale, 1769 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, Méd. 2207-09)


Un kabassou
Histoire naturelle… / Georges-Louis Leclerc de Buffon. – Paris : Imprimerie Royale, 1769 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, Méd. 2207-09)


Le tatou du cabinet de curiosités de Paul Contant
Les oeuvres / Jacques et Paul Contant... – Poitiers : Julian Thoreau & la veuve d'Antoine Mesnier, 1628 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, Méd. 3)


Le tatou dans l’Historia naturae de Nieremberg
Historia naturae, maxime peregrinae, libris XVI / Juan Eusebio Nieremberg. – Anvers : Balthasar Moretus, 1635 (Collection particulière)

Parcours standardParcours jeunes
Parcours standard

La connaissance du tatou est liée à l'histoire de la constitution d'un savoir scientifique à l'époque moderne. En effet, il est découvert au moment-même où la zoologie se structure. C'est son aspect qui sert aux explorateurs du début du XVIe siècle pour le nommer : la découverte du Nouveau Monde fait naître à partir des années 1520 un mouvement de description zoologique inédit ; confrontés à des animaux qui échappent à la taxinomie des Anciens, les découvreurs, à l'image de G. Fernandez de Oviedo, enrichissent les connaissances par l'observation et font appel à des analogies avec les choses connues pour décrire les nouvelles espèces. Le tatou apparaît comme « un cheval en armure » et, pour le désigner, le naturaliste espagnol utilise l'expression vague « d'animaux cachés » (ou à couvert) qui fait référence à sa tendance à se dissimuler sous sa carapace en cas de danger.

Pourtant sa dénomination n'est pas fixée et encubertado, tatou, armadillo, kirkinchu, aiatotchli sont utilisés en 1635 par Nieremberg qui ne fait que reprendre les dires de ses contemporains. Le naturaliste n'est pas nécessairement, à l'époque, celui qui observe mais celui qui rapporte, mélangeant parfois réalité et « superstition », comme le dénoncera Cuvier. La limite entre sciences et magie n'est pas imperméable et Jean-Baptiste du Tertre, en 1667, raconte que le tatou possède des vertus curatives contre la vérole et la surdité.

Au sein des traités scientifiques des XVIe et XVIIe siècles, les animaux existant et ceux relevant du mythe ne sont pas distingués puisque les sources principales utilisées étaient les écrivains de l'Antiquité. L'évocation de l'animal suffit même à lui donner à l'époque une certaine réalité. Le statut du tatou n'est pas encore clair, il est un animal bien plus lointain que la licorne et donc peut-être bien moins réel pour les hommes de la Renaissance ; peu décrit, mal connu, il est décrit à part des animaux familiers dans les livres de zoologie.

Une fois l'observation des comportements animaux réalisée de manière précise, l'imaginaire peut s'en emparer : Nieremberg raconte que le tatou laisse les fourmis monter sur sa queue immobile avant de la glisser dans sa gueule pour les dévorer ; le Père Chesneau utilise ces remarques pour constituer l'emblème eucharistique « l’ennemy l'avale au moment qu'elle recherche le froment », dans lequel le tatou devient la figure du diable qui s'en prend aux âmes fragiles.

L'exemple du tatou permet de suivre le cheminement d'une science en constitution à l'époque moderne ; peu à peu la zoologie glisse du savoir livresque à l'observation du réel mais l'imaginaire y joue encore un rôle important.

La connaissance du tatou est liée à l’évolution de l'histoire des sciences.
C'est son aspect qui sert aux explorateurs du début du XVIe siècle pour le nommer. Avec la découverte du Nouveau Monde (à partir de 1492) on découvre des animaux inconnus en Europe. Les découvreurs se servent de choses connues pour décrire les nouvelles espèces. Le tatou apparaît comme « un cheval en armure » et, pour le désigner, on utilise l'expression vague « d'animaux cachés » (ou à couvert) qui fait référence à sa tendance à se dissimuler sous sa carapace en cas de danger.

Pourtant son nom n'est pas fixé et encubertado, tatou, armadillo, kirkinchu, aiatotchli sont encore utilisés jusqu’au début du XVIIe siècle. On mélange parfois réalité et « superstition » et la limite entre sciences et magie est floue ; ainsi, à la fin du XVIIe siècle, on raconte que le tatou possède des vertus curatives contre certaines maladies.

Dans les traités scientifiques des XVIe et XVIIe siècles, les animaux existant et ceux relevant du mythe ne sont pas distingués. Le tatou étant un animal mal connu, il est décrit à part des animaux familiers dans les livres de zoologie.
Même si l'observation des comportements des animaux est réalisée de manière précise, l'imaginaire reste bien présent. On raconte que le tatou laisse les fourmis monter sur sa queue immobile avant de la glisser dans sa gueule pour les dévorer, si bien que le tatou devient la figure du diable qui s'en prend aux âmes fragiles.

Benoît Traineau