Animal & Identité

suivant

Des personnes seules comme des groupes utilisent l’animal pour dire quelque chose d’eux-mêmes. Le plus souvent, la bête, imaginaire ou non, est associée à une riche symbolique puisée dans les bestiaires, dans les mythes, dans la Bible, dans la tradition hagiographique ou encore dans les livres d’emblèmes modernes. Certains rois, comme Charles VI, avec le cerf volant, ou Louis XI, avec le porc-épic, choisissent un animal comme emblème. Ces derniers étant fort répandus dans les grandes familles de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque moderne, ils se répondent d’un individu à l’autre. Ils sont toujours liés à une symbolique complexe. Des personnages de moindre importance, comme Paschal Le Coq, placent un animal sur leur blason ; le célèbre Poitevin peut ici prendre des armes parlantes, puisqu’il porte le nom du gallinacé, mais d’autres, qui n’ont pas un nom d’animal, font de même. Certaines villes utilisent elles aussi un animal comme le lion à Poitiers. Souvent la bête choisie comme marqueur d'identité fait l'objet d'une légende qui explique ce choix et renforce la renommée de la famille : il en est ainsi pour la guivre des Visconti à Milan. Certains choisissent un animal pour les représenter dans leur exercice professionnel. C’est le cas des imprimeurs-libraires, qui ont recours à des marques et des enseignes, accompagnées de devises, pour marquer leur travail et exposer leur conception du métier : ainsi la licorne et l’hydre de Lerne ont été utilisées par de nombreux libraires, qui les transmettent le plus souvent à leurs héritiers, avec quelques modifications. C’est à la fois le symbole d’une dynastie et un attribut propre. L’animal est également utilisé pour nommer les auberges ; la bête est alors liée à un lieu plutôt qu’à une personne. Il en est de même dans les tribunaux italiens de la fin du Moyen Âge : les animaux, le plus souvent bien réels, ont une fonction davantage mnémotechnique que symbolique.