Les grenouilles qui demandent un roi
Fables choisies… / Jean de La Fo... Afficher la suite de la légende
Les grenouilles qui demandent un roi
Fables choisies… / Jean de La Fontaine... – Paris : Nyon, 1757 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, FAP 2524)
Une édition lyonnaise du XVIIe siècle des fables d’Hygin, accompagnées d’autres textes de l’Antiquité (Fulgence d’Ethiopie, Apollodore, etc.)
Fabularum liber… / Hygin. – Lyon : Jean Degabiano, 1608 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, FAP 3738)
Ésope et les fables
Les images ou Tableaux de platte peinture des deux Philostrates… / Blaise de Vigenère… - Paris : Veuve Mathieu Guillemot et Mathieu Guillemot, 1620 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, supp. Folio 574)
La fable « Columba et cornix » d’Ésope sur la colombe et la corneille est présentée ici dans une édition du XVIe siècle en latin.
Fabellae graece et latine… / Ésope. – Venise : Giovanni Farri, 1542 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, XVI 553)
Une édition d’Ésope du XVIe siècle en latin
Fabulae selectae… / Ésope. - Rome : typographia Gabiana, 1593 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, XVI 1058)
En grec…
Le genre des fables, dans l’Antiquité grecque et romaine, repose sur de lointaines traditions orales, dont on observe le développement dans d’autres cultures anciennes, par exemple, en langue sanskrite, le recueil du Pañcatantra, transmis en Europe par une version arabe attribuée à un auteur du VIIe-VIIIe siècle, Bilbay, dont s’est inspiré La Fontaine (par exemple « La Tortue et les deux canards »).
En grec, au VIIe siècle avant notre ère, les premiers auteurs connus sont Hésiode (« L’Epervier et le rossignol », Théogonie, v. 202-218) et Archiloque (« L’Aigle et le renard » ou « Le Singe et le renard »). Ce genre de récit bref est appelé aînos (αἶνος), « récit à interpréter », comme dans le dérivé aínigma (αἴνιγμα), « discours figuré, énigme », à valeur éthique exemplaire, le plus souvent comique. Plus tard, ce type de texte moral sera nommé mûthos (μῦθος), « parole d’autorité », « fiction symbolique ».
Le fabuliste grec le plus célèbre est Ésope (VIIe-VIe siècle avant notre ère), dont la biographie quasi-légendaire fait un esclave phrygien, contrefait et drôle, qui, affranchi, accomplit de nombreux voyages, de la Perse à Delphes. Constitué de presque quatre cent pièces de format réduit et en prose, en majorité animalières, souvent citées par des auteurs comme Aristophane et Platon, le recueil des Aesopica n’a été constitué qu’à partir du IIIe siècle avant notre ère et les morales (epimúthion, ἐπιμύθιον, « complément au récit ») sont le plus souvent des ajouts tardifs.
Les animaux, dans ces récits moraux, sont des types, non des personnages individualisés. On connaît le lion, le renard (au féminin en grec), l’aigle, le chat, le coq, l’âne, la chèvre, le bouc, le singe, le cerf, mais le rôle principal peut être assuré par la perdrix, le chameau, le crabe, les corbeaux, les grenouilles, la puce, un arbre... Et beaucoup de ces récits brefs font intervenir Prométhée, Zeus, Héraclès, la Terre, le Soleil, Mômos (dieu du rire moqueur), un voleur, un laboureur, un médecin, des voyageurs, un enfant, voire Ésope lui-même.
En latin…
La tradition ésopique a été partiellement transmise aux Modernes par le biais de Phèdre (début du Ier siècle), esclave affranchi d’origine thrace, qui publia, à l’époque de Tibère, 123 fables en vers, en cinq livres munis d’un prologue et d’un épilogue. Les sujets sont en majorité de son invention et ont pu être compris, dès leur époque, comme des satires indirectes de l’actualité. On signale, à titre d’exemple, la première œuvre du recueil, « Le Loup et l’agneau », et la dernière, « Le Chien et le chasseur », ainsi traduite :
Contre toutes les bêtes sauvages, courageuses et rapides, un chien avait toujours satisfait son maître, mais il commença à faiblir, sous le poids des ans. Un jour, affrontant au combat un sanglier hirsute, il lui saisit l’oreille, mais de ses dents gâtées il laissa partir sa proie. Alors le chasseur, affligé, réprimanda le chien. Et le vieil aboyeur lui répondit : « Ce qui te fait défaut, ce n’est pas mon courage, ce sont mes forces. Tu loues ce que je fus, et déjà tu blâmes ce que je suis. » Philetus, pourquoi j’ai écrit cela, tu le vois bien.
On connaît d’autres fables anciennes en latin, de Hygin (fin du Ier siècle avant notre ère) ou Avianus (fin du IVe siècle avant notre ère). Le terme fabula (du verbe fari « parler, dire ») peut désigner une conversation, un récit légendaire ou une pièce de théâtre, et le français « fable » l’ensemble de la mythologie classique, autant qu’une intrigue théâtrale ou une fiction narrative.
Ces textes, d’Ésope comme de Phèdre, contribuent en majorité, surtout par la satire, à construire une vision du monde et des relations inter-subjectives fondées en fait sur un conformisme généralisé, profondément pessimiste : c’est en général le stéréotype ici qui fait sourire ou rire, et donc penser.
Michel Briand
Bibliographie :
Textes
Ésope, Fables, trad. de D. Loayza, Paris, GF - Flammarion, 1995
Phèdre, Fables, trad. d’A. Brenot, Paris, C.U.F., Les Belles Lettres, 1969
Études
Van Dijk (Gert-Jan), Ainoi, logoi, mythoi : fables in archaic, classical, and Hellenistic Greek Literature ; with a study of the theory and terminology of the genre, Leyde, Brill, 1997
Holzberg (Niklas), The Ancient Fable : an Introduction, Bloomington, Indiana University Press, 2001
Nøjgaard (Morten), La Fable antique, Copenhague, Nyt Nordisk Verlag, 1964-1967
Rodriguez Adrados (Francisco), van Dijk (Gert-Jan), History of the Graeco-Latin Fable, I. Introduction & from the origines to the Hellenistic Age, Leyde, Brill, 1999
Rodriguez Adrados (Francisco) (dir.), La Fable, Vandoeuvres - Genève, Fondation Hardt, 1983
Webographie
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/fe/06/fable.html (consulté le 4/01/11)