Un cynocéphale dans la Géographie de Ptolémée
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Un cynocéphale dans la Géographie de Ptolémée
Geographiae… libri VIII… / Claude Ptolémée. – Bâle : H. Petri, 1552 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, XVIg 1709)
Un cynocéphale dans les Hieroglyphica de Valeriano
Hieroglyphica / Pierio Valeriano. - Lyon : Frellon, 1610 (Poitiers, Bibliothèque universitaire, Fonds ancien, RAg 9)
Les cynocéphales sur le portail central de la basilique de Vézelay
Vézelay, basilique Sainte-Marie-Madeleine
Les cynocéphales, hommes à tête de chien, sont présents dès la période antique et leur légende se propage au Moyen Âge.
De l’Antiquité au Moyen Âge
Les cynocéphales apparaissent dans le monde grec sous la plume d’Hérodote ou de Ctésias. Ils entrent dans la littérature médiévale par des auteurs comme Pline l’Ancien. Au début du Ve siècle, saint Augustin décrit les différentes catégories de monstres dans La Cité de Dieu et élabore, pour ses lecteurs, une image de ces êtres hybrides. Son livre pose une question cruciale, débattue dans le monde médiéval : ces créatures sont-elles des descendants d’Adam et, si oui, ont-elles une âme ? Pour saint Augustin, il est clair que le cynocéphale est un être sans âme.
Les limites de « L’Orbis Terrarum » : en territoire barbare
Dès l’Antiquité, les hommes ont cherché à délimiter le monde civilisé. L’invention de la géographie crée l’inconnu avec son corollaire, l’Autre, dont les monstres sont la représentation. La distance entretient la peur et le sentiment de différence car le monde barbare est loin des mondes civilisés. Ainsi, le Cynocéphale est-il une créature du monde lointain et barbare.
Le Moyen Âge ne va pas changer la tradition antique car le monstre est un être vivant en dehors de
« l’Orbis Terrarum ». Il devient le païen et l’être sans aucune âme qui dévore la chair crue et ne communique que par des aboiements. Paradoxalement on voit se développer en Orient, dans l’Empire byzantin, une profonde piété pour les saints Cynocéphales.
Saint Christophe et saint Guinefort : le Salut retrouvé
Le christianisme orthodoxe rapporte de nombreuses légendes sur les saints cynocéphales, dont celle de saint Christophe. En Occident, la légende rurale de saint Guinefort, le lévrier, va se diffuser grâce à Étienne de Bourbon.
Dans les légendes, saint Christophe peut être représenté en soldat romain, mais aussi en géant mangeur de chair crue. Toutefois, il est toujours touché par la Grâce divine et sa conversion entraîne une prise de parole intelligible.
La légende de saint Guinefort naît au XIIIe siècle en France dans la région de Lyon. Il s’agit d’un chien injustement tué par son maître. Sanctifié par la population, il devient le protecteur des enfants.
Saint Christophe et saint Guinefort sont des êtres semblables. En effet, les chercheurs ont montré que ces deux saints présentent de nombreuses similitudes. Ils sont fêtés tous les deux les jours de « Canicule », à savoir lors du lever de l’étoile Sirius dans la constellation du chien en juillet et en août. Par ailleurs, un massacre de chiens se déroulait le 25 juillet en Grèce tandis qu’à Rome un chien roux était sacrifié lors de la fête dédiée à la déesse Furrina.
Saint Christophe est un protecteur contre les maladies et la mort subite alors que saint Guinefort protège les enfants.
Marjorie Morel
Bibliographie :
Fabre (Abel), « L’iconographie de la Pentecôte et le portail de Vézelay », dans Gazette des Beaux Arts, t. 8, 1923, p. 131-139
Lecouteux (Claude), « Les cynocéphales : études d’une tradition tératologique de l’Antiquité au XIIe siècle » dans Cahier de civilisations médiévales, t. 24, 1981, p. 117-128
Le Quellec (Jean.-Loïc.), « Cynocéphale et pentecôte », dans Pentecôte, de l’intime au social, sous la direction de Georges Bertin et Marie-Claude Rousseau, Laval/Angers, Siloë/Université Catholique de l’Ouest, 1997, p. 415-433
Saintyves (Pierre), « L’origine de la tête de Chien de Saint Christophe », dans Revue Anthropologique, t. 34, 1924, p. 376-383
Saintyves (Pierre), Saint Christophe, successeur d’Anubis, d’Hermès et d’Héraclès, Paris, Nourry, 1936
Schmitt (Jean-Claude), Le saint Lévrier, Guinefort guérisseur d’enfants depuis le XIIIe siècle, Paris, Flammarion, 1979
Webographie :
http://nausicaa13.free.fr/articles.php?lng=fr&pg=374 : résumé de la conférence de Franceschetti (Philippe.), « Saint Christophe cynocéphale et Christophore, un culte entre antiquité et Moyen Âge » (consulté le 21/02/12)